Bonjour,
Je suis mère d’un bébé dit « aux besoins intenses ». À 13 mois, mon fils a un sommeil extrêmement agité, roule dans tous les sens, se réveille plusieurs fois par nuit en pleurant et réclame encore un biberon (voire deux).
Aujourd’hui, je me suis rendue à un atelier de massages pour bébés, pensant trouver une oreille attentive et bienveillante. Pour toute réponse, j’ai eu droit au sempiternel : « Votre enfant n’a plus besoin de manger la nuit, encore faut-il que vous acceptiez de l’entendre. Donnez-lui de l’eau, il finira par comprendre ».
Toute mère de « BABI » sait pertinemment que dans ce cas, le bébé rejettera violemment le biberon et s’époumonera pendant des heures jusqu’à s’en étouffer. À ça, la professionnelle — précisons qu’il s’agit bien d’une infirmière-puéricultrice spécialisée dans le massage pour bébé — m’a répondu : « Il pleurera bien une semaine, ensuite, ça lui passera ».
Comment peut-on encore prodiguer ce genre de conseils en 2017 ? Laisser pleurer un bébé qui a faim est une aberration. Laisser pleurer un bébé tout court est une hérésie.
Non, tout le monde n’a pas un bébé qui fait ses nuits à 2 ou 6 mois. Oui, certains bébés ont besoin d’être plus rassurés que d’autres. Certains expriment les choses plus vivement que d’autres, dorment peu, voire s’empêchent de dormir tout court, ressentent certaines angoisses qui mettent du temps à s’estomper. Et non, ce n’est pas la faute des parents. Leur bébé ne rentre seulement pas dans les cases, ne fait pas partie de ces 80 % de bébés qui dorment paisiblement dans leur poussette, arrivent à se poser quelques minutes pour profiter d’un moment de calme, acceptent d’être contenus dans un siège auto ou dorment 13 h par jour…
Il faut dire que notre fils a fait une entrée dans la vie pour le moins fracassante. Après un séjour en réanimation puis en néonat', il a passé ses premiers mois en écharpe, jour et nuit. Il fallait être en mouvement permanent et se relayer sans cesse. Il ne dormait jamais plus de 15 minutes d’affilée, dérangé par son RGO et des coliques, sans compter l’eczéma... Désireux de tout voir et de ne rien rater, il allait jusqu’à tout faire pour s’empêcher de dormir et en voiture, il hurlait dès que l’on s’arrêtait à un stop ou à un feu rouge. Il fallait que ça bouge. En permanence.
Aujourd’hui, ça va mieux. Il se déplace seul et s’occupe donc seul la plupart du temps. Depuis qu’il a découvert les objets qui roulent, il peut passer des heures à les pousser inlassablement dans tous les sens... Enfin, jusqu’à ce qu’il y ait « la stimulation de trop ». Il a récemment changé de nounou et il recommence à lutter pour ne pas dormir, mais seules les nuits restent vraiment chaotiques.
Que ce soit bien clair, je ne cherche pas de solutions ni de conseils. Nous avons rencontré maintes puéricultrices, des pédopsys, échangé avec des généralistes et j’en passe. Les pseudo-solutions, nous les avons déjà toutes épuisées. (Sauf laisser pleurer. Ne m’en parlez même pas. À mon sens, c’est une forme de maltraitance, ni plus ni moins. Un bébé n’a pas la notion du temps de toute façon, alors la méthode 5-10-15… min, je préfère ne pas vous dire ce que j’en pense de peur d’être grossière. Tous les pédopsys s'accordent à le dire et de toute façon, concernant notre fils, plus on le laissera pleurer, plus il pleurera fort. C'est tout.)
En allant à cet atelier axé avant tout sur le bien-être du bébé, j’avais seulement l’espoir de trouver enfin une oreille à l’écoute et un moyen d’apaiser efficacement mon fils par le massage. Une espèce de « truc magique », même si je ne me faisais pas vraiment d’illusions.
Bref. Pour moi, les réunions entre mamans, c’est terminé. Je ne souhaite plus me heurter aux jugements de ces mères d’enfants « normalisés » ni supporter leurs sermons intimant à mon fils de dormir la nuit. Il le sait, nous le lui répétons tous les jours. Tous les gens que nous croisons le lui répètent. (J’ai d’ailleurs la fâcheuse impression d’être un de ces cas à la sauce « Super Nanny » quand ils font ça.) Il n’y arrive tout simplement pas. Est-ce sa faute ? Du haut de ses 1 an ? J’en doute. Est-ce la nôtre ? Sûrement pas. Même si je doute beaucoup, au fond, je suis intimement convaincue que nous sommes de bons parents. Ses progrès sont flagrants et, de l’avis de sa pédiatre, sa prématurité ne se voit même plus.
Aujourd'hui, je suis en colère face à tant d'incompréhension et de condescendance. Une incompréhension et une condescendance auxquelles je me heurte quotidiennement depuis la naissance de mon fils.
Si je partage ce récit, ce n’est pas tant pour ouvrir les yeux des gens sur le cas des BABI que pour savoir s’il y a parmi vous des parents de bébés dits « intenses » vivant près de Niort. S’il y a encore des échanges que je souhaite entretenir, c’est avec ceux-là et ceux-là uniquement.
Merci de vos réponses.